Tout juste vingt ans de carrière, quatorze albums édités et bientôt son septième en solo. Il avance calmement dans un monde qui se doit d’aller vite, l’intuition en bandoulière et la sincérité comme boussole. Le 26 janvier prochain sort le nouvel opus de Tom Poisson, sobrement intitulé « Jean-Michel ».

Intranquille

Il aura fallu des orages, des disparitions, des joies immenses et des naissances. Il aura fallu écrire, composer, chanter, produire et mettre en scène ; Les concerts, les expériences pluri-artistiques et autres spectacles musicaux. Essayer, insister, varier les formes, recommencer (…) pour que Poisson se rapproche encore de lui-même.

Jean-Michel, c’est son prénom d’État civil. C’est lui. Les 14 chansons qui composent ce nouvel album, c’est lui, dans toute son intimité, son ADN en quelques sortes.  Lui, papa. Lui, artiste. Lui, désormais orphelin, citoyen du monde intranquille mais optimiste, qui danse quand la vie penche, qui doute quand les autres savent, qui court juste avant que la peur ne le paralyse.

Album après album, Tom déploie ses ailes de poisson-volant, nous offrant au passage un théâtre en relief empreint d’humanité et parvient ainsi à irriguer son Trop grand imaginaire. Ses failles sont les nôtres, ses envolées nous soulagent.

Sa voie, sa juste VOIX, il s’en rapproche aussi, sinueusement mais sûrement, au fil des albums. Un lâcher-prise tant convoité. « Enfin ! », dirait-il, trop occupé qu’il était jusque-là à fabriquer et à entreprendre pour réellement se concentrer sur la dimension « interprète » de son drôle de métier.

Jean-Michel

Au début, il fait sombre, c’est la tempête. Une tempête intérieure comme la vie sait nous en réserver ( Tanguer ! ). Un climat sociétal brusque, la pensée binaire, l’absence de nuances nous font perdre équilibre ( Y’a du bruit ). Une maman qui s’en va tout doucement, c’est aussi impensable qu’inévitable ( Locomotive ). Et puis cette fin du monde presque annoncée. Il est curieux de s’imaginer au début d’une journée qui pourrait être la dernière ( Les nouveaux dinosaures ).

L’envie reprend finalement le dessus, « Y’a rien qui vaille mieux, que de choisir son jeu ». Fabriquer des trucs, même éphémères, c’est vivre. Traquer le beau, encore et encore. Et puis écrire ! ( La glaise entre les mains, L’éphémère du mandala, Sous les doigts ). Les questionnements subsistent, c’est légitime : s’engager face au monde ou se recentrer sur ceux qu’on aime ( Rester dans tes bras ou partir à la guerre ) ? Avancer coûte que coûte, courir et puis tomber, tomber et repartir ( Je cours ).

Ré-inventer la forme

C’est comme découvrir un pays inconnu. Tom sait-sans-savoir combien l’aventure sera belle s’il va dans telle ou telle direction. Il le pressent, il l’espère. Son amour pour la chanson-en-français, c’est le dénominateur commun à toutes les contrées dans lesquelles Poisson s’est aventuré jusqu’ici – la sincérité aussi – mais il y a aussi quelque chose de nouveau avec ce disque. Ce quelque chose rendu possible par la rencontre avec Denis Piednoir que Tom a su orienter et « contraindre » puisque, paradoxalement, la contrainte agrandit parfois notre terrain de jeu au lieu de le restreindre.

Multi-instrumentiste, compositeur, arrangeur, Denis s’est rendu indispensable à Tom Poisson, d’abord sur scène lors de la dernière tournée ( Se passer des visages – 2020 / 2022 ) puis sur l’enregistrement de Jean-Michel dont ils signent à quatre mains la réalisation. Ensemble, ils ont « joué », comme on joue au Lego, à triturer une matière sonore mêlant l’acoustique, l’organique, l’électro et la chanson française, quelque part entre James Blake, Jeanne Added et Mathieu Boogaerts.

L’équipe

Côté rythmique, Poisson a appelé en renfort Emiliano Turi, alias Don Turi (batteur émérite, DJ et directeur musical de Jeanne Added) pour affirmer certaines programmations et autres matières sonores.

Alex Léauthaud, collaborateur de Francis Cabrel et compagnon de route de Poisson au sein des Fouteurs de Joie est venu collaborer à l’édifice et finaliser les arrangements de cordes. Alice Chiaverini (chant, piano acoustique), Marine André (chant) et Fabio Milone (alto, Violon) ont rejoint l’équipe pour donner davantage de relief à l’ensemble.

C’est Frank Loriou qui signe photos et artwork de l’album. A l’écoute des chansons, Frank a voulu shooter Tom Poisson tel que lui-même, sans fard, en entier et en vrai. C’est finalement ce cliché de Tom, « posé » sur une chaise en formica, les jambes repliées, à la fois passif et actif, qui a remporté l’unanimité pour la jaquette du disque.

Sur scène

Ceux qui l’ont vu sur scène savent déjà. Ils savent la connivence que Tom instaure avec son public dès les premiers titres. Ils savent cette humanité qui transpire tout au long du spectacle. Son nouveau programme ne déroge pas à la règle. Cette fois, c’en trio que Poisson a décidé de se produire ; Il a la chance d’être accompagné par Alice Chiaverini et Denis Piednoir.

Alice compose pour elle-même et pour d’autres. Elle chante et enseigne le chant. Elle est pianiste, percussionniste et vient enrichir le savoureux tandem que Tom et Denis forment depuis 2 ans. Sur scène, Denis joue de la guitare, du clavier et chante.